L’autoconsommation électrique : on y vient, même en France !
Consommer sa production électrique, beaucoup de propriétaires de panneaux solaires en rêvent. Un rapport vient de confirmer l’intérêt de cette nouvelle façon d’utiliser l’électricité, déjà très répandue chez nos voisins européens.
INÉLUCTABLE. Commandé fin 2013, le rapport sur l’autoconsommation électrique a été remis jeudi 12 février 2015 à la ministre de l’énergie Ségolène Royal. Cette réflexion menée par une quarantaine d’organismes publics et privés arrive à la conclusion que non seulement cette autoconsommation principalement d’énergie solaire est souhaitable, mais qu’elle est aussi inéluctable. Car l’équation économique lui est favorable. Le coût de production des panneaux photovoltaïques ne cesse de baisser alors que les prix de vente TTC de l’électricité (actuellement d’origine nucléaire et hydraulique) vont fatalement augmenter, avec une prévision de +30% d’ici 2017. Par ailleurs, cette technique permet de réduire les investissements et l’entretien du réseau électrique et favorise l’insertion de la production des énergies renouvelables sur ce réseau. Selon l’Ademe, sur un bon tiers du territoire français, l’ensoleillement est suffisant pour assurer une autonomie énergétique.
Autoconsommation ne signifie pas autonomie
Autoconsommation ne signifie cependant aucunement autonomie. Celle-ci n’est possible que si le producteur est capable de stocker sa production en excédent –aux pleines heures d’ensoleillement- dans des batteries. Sinon, c’est le réseau électrique qui sert de centre de stockage.
DEUX CAS DE FIGURE. Soit le système de production ne couvre pas les besoins de la maison à laquelle il est associé et dans ce cas toute la production sera certes consommée par le propriétaire des panneaux, mais celui-ci devra faire appel au réseau pour compléter ses besoins. Son autoconsommation est maximale, mais son autoproduction est faible. À l’inverse, l’autre cas de figure voit une production excédant les besoins. Dans ce cas, l’autoconsommation est faible, puisqu’une grande partie de la production en excédent doit être injectée (et vendue) au réseau. Dans la réalité, et selon les constats effectués par de petites régies de distribution d’électricité comme celle du département de la Vienne, les propriétaires de panneaux solaires consomment déjà leur propre production. Seulement, cela n’est ni mesuré, ni reconnu, ni rémunéré.
Sur 24 H, les différents scénarios de production et d’autoconsommation d’une maison individuelle. L’armoire de gestion d’énergie qui « arbitre » entre les panneaux solaires et le réseau est indiquée ici sous le nom AEA. Crédit Sirea.
Le retard français
L’autoconsommation exige en effet de s’équiper en matériel spécifique. Des entreprises françaises et allemandes proposent déjà des boitiers de gestion des flux entrants et sortants d’énergie. « Sirea fabrique des automates programmables. Notre gamme de produits favorise l’autoproduction et bien entendu l’autoconsommation » a ainsi expliqué Bruno Bouteille, gérant de Sirea, lors d’un colloque organisé par l’Institut national de l’énergie solaire (Ines) en novembre 2013 et dont les actes sont ici.
HABITUDES. En la matière, la France a dix ans de retard. L’autoconsommation est déjà reconnue et subventionnée en Allemagne, en Italie et en Espagne. En Allemagne, trois milliards de kWh ont été ainsi autoconsommés en 2013 à partir de panneaux photovoltaïques de particuliers et achetés 12,36 centimes le kWh par les compagnies d’électricité. Cela implique de changer ses habitudes parce qu’il faut faire marcher son électroménager en journée plutôt que la nuit. Le secteur tertiaire est bien adapté car les magasins sont ouverts la journée. Consommation et production sont donc synchrones.
Le rapport remis à Ségolène Royal donne l’impression d’un État à la traîne des initiatives prises sur les territoires. Alors que l’autoconsommation est absente de la loi sur la transition énergétique en discussion cette semaine au Sénat, la Ministre vient d’entériner la candidature de 212 territoires à énergie positive (communes, agglomérations, départements, parcs naturels, pays) visant à l’autonomie énergétique et donc entrant dans la voie d’une autoconsommation à l’échelle de quartiers ou de petites unités rurales. Par ailleurs, des régions comme l’Aquitaine ont déjà lancé leurs appels d’offres pour l’autoconsommation.
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